Faire une thèse en Cifre en Sciences Humaines et Sociales

Avec Antoine Gaboriau, Guillaume Petit et Antonin Thyrard, nous avons mené une enquête sur les Cifre en sciences humaines et sociales. Voici le résumé de notre rapport d’enquête, disponible en accès libre sur HAL (avec en annexe une synthèse et le questionnaire utilisé).

Résumé

La Convention Industrielle de Formation par la Recherche (Cifre) est une modalité de financement des thèses en croissance continue. Il s’agit d’une convention tripartite entre un·e doctorant·e, un laboratoire et une structure d’accueil.

On manque encore de recul pour apprécier les effets du type de financement sur les conditions de réalisation des thèses, et la production scientifique qui en résulte. Une vision panoramique manque à ce jour, notamment en ce qui concerne d’éventuelles spécificités des Cifre en SHS.

A partir de ce constat, nous avons souhaité travailler sur les conditions de réalisation des thèses en Cifre, au travers d’une enquête par questionnaire. Elle visait à en savoir plus sur l’entrée dans le dispositif, les conditions de travail ainsi que les débouchés et perspectives professionnelles des chercheur·ses en Cifre. Nous concluons notamment que :

  1. le dispositif Cifre semble bel et bien produire des chercheur·es particulier·es, aux conditions de recherche particulières et dont les profils ne semblent pas substituables aux autres voies d’accès au doctorat. Il ne s’agit cependant pas de juger les thèses en elles-mêmes à l’aune d’un quelconque critère partiel de qualité, mais plutôt de constater des divergences dans les conditions d’exercice de la recherche, qui apparaît parfois dégradée en Cifre.
  2. la Cifre rend possible l’accès à une recherche doctorale à des profils qui n’en auraient pas fait autrement : pour ces doctorant·es, l’entrée dans le dispositif représenterait une voie significative d’inclusion dans le doctorat.
  3. l’éventualité d’un changement massif dans le circuit de financement du doctorat (avec un plus grand recours aux Cifre), à la fois pour réaliser des économies et développer la R&D, pourrait avoir des effets substantiels sur le type de chercheur·ses recruté·es en thèse, sur la liberté de recherche , mais aussi sur le type de chercheur·ses finalement formé·es et donc le type de recherches produites à long terme.