Le dernier numéro de la revue Mots. Les langages du politique (ENS Éditions) est sorti ! Coordonné par Valérie Bonnet, Emmanuel Marty et Cécile Robert, ce numérique questionne les mécaniques de la dépolitisation, notamment celles de la (dis)qualification, du rétrécissement et de l'(in)visibilisation du politique.
J’ai eu le plaisir d’écrire pour ce numéro un article sur comment a été construit le problème de la participation citoyenne numérique dans la presse, entre 2016 et 2019. Vous pouvez retrouver l’article en ligne (ou m’en demander une copie si vous n’avez pas accès à la plateforme cairn) !
Cet article présente les résultats d’une analyse thématique et lexicométrique (AFC et CAH avec IRaMuTeQ) des 386 articles de presse française qui mentionnent le terme « civic tech » entre 2013 et 2019, ainsi qu’une analyse des profils des personnes qui prennent la parole sur le sujet (132 individus issus des mondes des entreprises, du politique et de l’administration, de la recherche et des associations).
Nos résultats montrent que l’expression est principalement utilisée à l’occasion d’événements nationaux (sommet du PGO en 2016, élections nationales en 2017, Grand débat national en 2019), mais que les représentant·es du monde des start-up sont largement sur-représenté·es dans les prises de parole. Le discours sur la civic tech, très positif, s’organise autour de cinq thématiques principales : les promesses du numérique pour la démocratie, la smart city, lee méthodes du Grand débat national, les outils numériques dans les campagnes électorales, et enfin le marché et les start-up de la civic tech.
Dans le discours produit, les acteurs et actrices dressent le portrait d’une « crise démocratique » et d’institutions « obsolètes » qui doivent se moderniser, en particulier dans leurs relations avec les citoyen·nes et avec les entreprises « innovantes ». Les entreprises de la civic tech proposent pour cela leurs services pour transformer les formes d’engagement citoyen. Les outils numériques sont conçus pour favoriser une expression citoyenne constructive et utile à la décision publique. Le rôle des civic tech comme intermédiaires responsables de collecter puis de mettre en forme cette représentation d’une « opinion publique » est justifié par l’inscription de ces professionnel·les dans les mondes du numérique et de la communication, mais aussi par un engagement individuel et collectif dans une forme d’entrepreneuriat « à mission », bien incarné par la figure de la start-up.
N’hésitez pas à jeter un oeil aux autres articles du dossier, qui s’intéressent par exemple aux discours sur le « progrès » (sur la LPPR, Robin Gaillard), l’ »urgence climatique » (sur le Shift Project, Sophie Anquetil et Carine DUTEIL), et encore sur la participation citoyenne (avec Manon Pengam sur les cahiers citoyens du Grand débat national). Si c’est le numérique qui vous intéresse, l’article sur la communication des réseaux sociaux proposée par Marguerite Borelli peut vous parler!
Merci aux directrices et directeur du dossier de leur confiance et de leurs relectures, ainsi qu’aux deux reviewer·seuses bienveillant·es de leurs retours.
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